L’alimentation biologique n’est plus un marché de niche. Les ventes de produits alimentaires biologiques dans l’Union européenne ont plus que doublé au cours de la dernière décennie – passant de 16,3 milliards d’euros en 2008 à 37,4 milliards d’euros en 2018 – et la demande continue de croître. Cependant, de nombreux Européens ne sont toujours pas sûrs de ce que signifie réellement « bio ». Est-il naturel ? Sans pesticides ? Cultivé localement ?

Eh bien pas exactement. Voici quelques-unes des conditions que doivent remplir les produits alimentaires pour être considérés comme biologiques dans l’UE :

Pas d’engrais de synthèse

Les engrais naturels, tels que le compost et les dérivés d’algues, sont essentiels pour maintenir un sol fertile et sain. Les aliments biologiques doivent donc être cultivés avec ces produits, plutôt qu’avec les engrais synthétiques utilisés dans l’agriculture conventionnelle, qui sont généralement composés d’ingrédients chimiques plus durs, notamment des composés azotés, du phosphore et du potassium.

Pas de pesticides de synthèse

Les agriculteurs doivent lutter contre les mauvaises herbes et les parasites. Les agriculteurs biologiques ne sont autorisés à utiliser que des pesticides d’origine naturelle, fabriqués à partir de plantes, d’animaux, de micro-organismes ou de minéraux. Certains produits chimiques sont d’origine naturelle.  Les exploitations biologiques ont également recours à des techniques telles que la rotation des cultures, ou la plantation de différentes cultures sur la même parcelle, pour aider à prévenir les maladies transmises par le sol. Les prédateurs naturels, tels que les coccinelles, peuvent également constituer une méthode efficace de lutte contre les parasites.

Cependant, il est important de se rappeler que ce n’est pas parce qu’une chose est « naturelle » qu’elle est automatiquement inoffensive pour l’homme ou l’environnement.

Pas d’OGM

Pour être certifiés « biologiques », les aliments ne peuvent pas contenir de produits issus de cultures génétiquement modifiées. Cette règle s’applique également à la viande et aux autres produits animaux biologiques. En outre, les animaux doivent être élevés avec des aliments 100 % biologiques.

Les antibiotiques en dernier recours

Les animaux que nous mangeons, ou dont nous consommons les produits, doivent être maintenus exempts de maladies. De nombreux agriculteurs conventionnels utilisent couramment des antibiotiques pour prévenir les maladies. Ceux-ci peuvent finir par se retrouver dans la chaîne alimentaire. L’excès d’antibiotiques n’est pas bon pour les humains ou les animaux, car il peut contribuer à la création de super-bactéries. En effet, la résistance aux antimicrobiens est une véritable source de préoccupation au niveau mondial. Tous les ans, près de 33 000 personnes meurent dans l’Union européenne en raison d’infections provoquées par des bactéries résistantes aux antibiotiques.

Dans les exploitations biologiques, l’utilisation d’antibiotiques est sévèrement limitée. Les agriculteurs contrôlent les maladies en limitant le nombre d’animaux qu’ils élèvent et en utilisant des méthodes telles qu’une alimentation saine pour leur bétail. Ils ne sont autorisés à utiliser des antibiotiques qu’en cas de nécessité absolue pour la santé d’un animal, afin d’éviter toute souffrance, et lorsque les remèdes naturels tels que les médicaments phytothérapeutiques et homéopathiques ne sont pas efficaces.

Alors que dans l’agriculture conventionnelle, les antibiotiques peuvent parfois être utilisés à titre de prévention, dans l’agriculture biologique, ils ne sont utilisés que comme dernier recours, quand aucune autre méthode d’intervention n’est disponible. Normalement, les normes plus strictes en matière de bien-être animal appliquées dans l’agriculture biologique maintiennent déjà les animaux dans un état plus sain qui permet d’éviter l’utilisation d’antibiotiques.

Toutefois, des études ont montré que l’utilisation des antibiotiques dans les exploitations agricoles est en baisse. Les ventes d’antibiotiques pour animaux dans l’UE ont diminué de plus de 34 % entre 2011 et 2018.

Un meilleur bien-être animal

Les agriculteurs biologiques doivent fournir les conditions environnementales nécessaires pour que les animaux puissent exprimer leur comportement naturel, comme un espace extérieur adéquat. Cela n’est pas obligatoire dans l’agriculture conventionnelle.

Il existe des règles supplémentaires, comme l’interdiction de mettre les animaux en cage ou de les mutiler, sauf si cela est absolument nécessaire pour des raisons sanitaires.